A propos de la liberté d’expression

Que faut-il entendre par « liberté d’expression » ?

Je commencerai par dire ce qu’elle n’est pas. Elle ne consiste pas, comme certains ont tendance à le penser, à pouvoir tout dire, tout écrire, tout dessiner. Il est interdit, par exemple, au nom de cette liberté, de dessiner des croix gammées sur les tombes d’un cimetière. Et éduquer nos enfants à la liberté

d’expression ne doit pas leur laisser entendre qu’il leur est permis d’insulter leurs parents et leurs enseignants. Ils leur doivent le respect.  En fait, notre République, dans sa devise inscrite sur tous les frontons de nos mairies, associe la notion de liberté à celle de fraternité. Et, si la liberté est un droit, la fraternité, quant à elle, est un devoir. Vivre en frères ne relève pas du droit, mais du devoir. La liberté d’expression doit donc être associée, à mes yeux, avec le devoir de fraternité, qui impose le respect de chacun dans ses convictions, qu’il soit croyant ou incroyant. Il s’agit donc d’éduquer à la liberté d’expression dans le cadre de ce respect mutuel. Il nous faut toujours apprendre à conjuguer « liberté d’expression » et « devoir de fraternité ». « Qu’on donne ample liberté aux jeunes de sauter, de courir, de crier à cœur joie ! » aimait répéter Don Bosco a ses éducateurs, à une époque où la répression des jeunes, qualifiés de délinquants, conduisait le plus souvent à leur enfermement. Mais, dans ses institutions qu’il aimait qualifier de maisons, cette éducation à la liberté s’accompagnait toujours de l’apprentissage du respect.

Jean Marie Petit-Clerc (Extrait de l’article paru dans « La Croix » du 2/11/2020)

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